L’Europe dispose aujourd’hui de stockages de gaz bien remplis. Les températures de cet automne ont été relativement clémentes et la consommation de gaz a baissé. En conséquence, les prix au comptant du gaz ont fortement chuté. Malgré ces signaux de détente, il est trop tôt pour baisser la garde, car on ne peut exclure une pénurie de gaz pour cet hiver.
Globalement, les livraisons de gaz russe à l’Europe occidentale ont fortement reculé et représentent actuellement moins de 10% de la consommation de gaz en Europe. Le gaz naturel liquéfié (GNL) et le gaz de la Mer du Nord représentent chacun un tiers des importations de gaz en Europe. Suivent ensuite le Royaume-Uni et l’Afrique du Nord, des fournisseurs de-venus aujourd’hui plus importants que la Russie. Les stockages européens ont atteint un taux de remplissage très élevé (UE: 95 %, Allemagne: presque 100 %). De nombreuses initia-tives ont été lancées pour réduire la consommation de gaz. Elle est actuellement en recul de 20 % par rapport à l’année précédente. La douceur des températures du mois d’octobre pourrait avoir joué un rôle non négligeable. Toutefois, il faut s’attendre à une forte reprise de la consommation de gaz avec l’arrivée des frimas. En Suisse, la consommation de gaz a également enregistré une baisse surproportionnelle de 15 % en moyenne durant les mois d’été, essentiellement due à la baisse de consommation de l’industrie.
Sous l’effet conjugué de la météo clémente et des stockages de gaz bien remplis, les prix au comptant du gaz se sont nettement détendus. Si, à la fin du mois d’août, les prix du gaz avaient dépassé les 330 euros par mégawattheure, ils sont entretemps redescendus bien en-dessous de la barre des 50 euros. En revanche, le niveau des prix à terme reste élevé. Cela signifie que le marché table sur l’hypothèse que les problèmes de sécurité d’approvisionnement en gaz ne sont pas encore résolus. Plusieurs facteurs d’insécurité persistent. Les prix pourraient à nouveau grimper sous l’effet de l’évolution conjoncturelle en Asie, surtout en Chine. La quantité de gaz que l’Europe devra utiliser pour la production d’électricité en hiver dépend aussi de la rapidité avec laquelle les centrales nucléaires françaises actuellement en révision alimenteront à nouveau le réseau. Par ailleurs, il est difficile de prédire la durée des rigueurs de l’hiver.
Ces derniers mois, l’Industrie gazière suisse a travaillé d’arrache-pied pour constituer une réserve de gaz en vue de l’hiver. Les objectifs sont aujourd’hui atteints. L’entraide mutuelle entre les Etats demeure le point critique en cas de pénurie. La Confédération négocie à cet effet un accord de solidarité avec les Etats voisins. Pour l’heure, l’issue de ces négociations est toutefois encore totalement incertaine quant aux résultats concrets.
L’Organisation d’intervention en cas de crise OIC Gaz a pour mission d’observer les évolutions actuelles et, en cas de situation de pénurie, de soutenir les gestionnaires de réseau dans la mise en œuvre des mesures de gestion ordonnées par la Confédération. Elle a pris ses marques en termes d’organisation et a commencé à piloter l’offre et la demande.
Il n’en demeure pas moins que la Suisse doive malgré tout économiser l’énergie. La campagne fédérale pour les économies d’énergie n’a rien perdu de son urgence. L’Alliance pour les économies d’énergie a été lancée dans le cadre de l’initiative économies d’énergie Hiver. L’ASIG fait partie de ses membres fondateurs. L’objectif est d’inculquer le principe des économies d’énergie aux acteurs économiques et sociaux. La sécurité d’approvisionnement pose de nombreuses questions sur le moyen à long terme. Ainsi, l’Agence internationale de l’Energie (AIE) rappelle dans son récent rapport les défis de l’approvisionnement en gaz pour l’hiver 2023/24 en Europe. Selon l’AIE, le remplissage des stockages pourrait s’avérer plus difficile l’été prochain, d’autant plus qu’en 2023, il faut s’attendre à ce que les livraisons de gaz russe diminuent encore. De plus, les pronostics conjoncturels prédisent une demande accrue en gaz liquéfié en Asie. Même si l’approvisionnement en gaz est actuellement assuré en Suisse, il est encore trop tôt pour baisser la garde. Aujourd’hui, l’Industrie gazière suisse planche déjà sur l’approvisionnement en gaz pour l’hiver 2023/24. Les défis restent de taille.
Source: ASIG, 8 novembre 2022
Rôle de Provisiogas
Provisiogas est une organisation d'entraide dont la mission consiste à gérer un fonds de garantie pour le gaz naturel. Le financement du stockage obligatoire est ainsi assuré, ainsi que la mise à disposition des quantités nécessaires des réserves obligatoires. Son but est de garantir un stockage efficace et neutre sur le plan de la concurrence. Provisiogas vise en particulier à remplir les tâches déléguées par la Confédération en rapport avec l'exécution du stockage obligatoire ou la gestion réglementée du gaz naturel.
Périodiquement, Provisiogas contrôle, auprès des entreprises soumises au stockage obligatoire, la présence effective des quantités convenues par contrat. En étroite collaboration avec les entreprises gazières et leurs clients équipés d'installations bi-combustibles, Provisiogas veille notamment à ce que d'éventuelles pénuries d'approvisionnement n'affectent pas sérieusement l'économie et la population.